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LE PALAIS SAINT PIERRE (MUSEE DES BEAUX ARTS DE LYON)
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LE PALAIS SAINT PIERRE (MUSEE DES BEAUX ARTS DE LYON)
LE PALAIS SAINT PIERRE (MUSEE DES BEAUX ARTS DE LYON) Fondée au haut Moyen Age (VIIe siècle, création du monastère des filles de St Pierre) l’abbaye bénédictine de St Pierre-les-Nonnains relevait directement du Saint Siège. Issues pour la plupart de la très haute noblesse, les Moniales élisaient librement leur abbesse jusqu’à ce que le roi lui-même ait ce privilège (en 957 ADALTRUDA fut la première abbesse). Le monastère a toujours été le plus important de la ville par ses droits, sur le respect desquels les abbesses veillaient jalousement, et par ses richesses. Au XVe siècle, comme dans de nombreux couvents d’Occident, des relâchements de plus en plus graves apparaissent dans l’observation de la règle et de la vie communautaire. Le chapitre ne se réunit plus qu’une fois par an. Les prieurs et les sœurs vivent presque toutes très librement, dans des petites maisons ou des hôtels ouverts sur la ville, avec cour et jardin. Lors d’un voyage à Lyon en 1503, le roi Louis XII et la reine Anne de Bretagne sont saisis de plaintes relatives à la mauvaise conduite des Moniales. Une réforme est alors ordonnée : Les religieuses doivent se soumettre à la règle, respecter la clôture de la vie communautaire, chanter mâtines et se priver de leur pécule. Appuyées par leurs familles, ces filles de la haute noblesse en appellent au Pape. En 1516, les rebelles, avec l’abbesse Françoise d’Albon à leur tête, expriment leur refus des réformes devant la reine Claude de France, épouse de François 1er. Elles sont expulsées par l’évêque. Le couvent est alors entièrement repeuplé avec des filles de moindre naissance. A la suite de cette période mouvementée, court le bruit qu’un esprit hante le couvent. En 1527, un exorcisme conduit par Andrieu de Montalembert, aumônier du roi, est organisé. Le récit de cette possession démoniaque et de son exorcisme, « La merveilleuse histoire de l’esprit qui est apparu au monastère des religieuses de St Pierre de Lyon », est rédigé par Montalembert lui-même pour confondre les faux hérétiques, luthériens, et leurs sectateurs. On y apprend que, pendant la séance, l’esprit s’identifie. Il s’agit de l’âme d’Alix de Thésieux, secrétaire du couvent, chargée des clefs, des reliques et des ornements, expulsée en 1516. Morte des suites d’une maladie honteuse, l’histoire raconte qu’elle apparaissait en songe à une jeune religieuse du couvent, Antoinette de Grollée, pour réclamer le pardon afin d’être délivrée des 33 années de purgatoire auxquelles elle était condamnée. A partir du XVIIe siècle, le palais abbatial de la place des Terreaux affiche le faste de l’abbaye des Dames de St Pierre. Sur le plan architectural, l’abbaye de St Pierre-les-Nonnains connaît différents états de construction dont témoignent diverses sources. Sous le régime de Charlemagne, elle est complètement rebâtie à l’instigation de Leidrade, archevêque de Lyon. Les vestiges romans, conservés dans l’église, témoignent des travaux de construction entrepris dans le dernier tiers du XIIe siècle. En 1790, le couvent abritait 32 moniales et une sœur converse. Fondée en 1700, l’académie des Sciences, Belles Lettres et Arts s’installe dans les locaux du palais St Pierre en 1823. Au 1er étage, dans l’angle nord-ouest du couvent, la chapelle du sépulcre (actuelle salle des vases grecs) était située à proximité des appartements de l’abbesse. Depuis l’ouverture aménagée au centre de la voûte au 2e étage, équipée d’une balustrade, les novices assistaient aux offices. Vers 1685-1690, elle devient une chapelle mortuaire qui permet aux religieuses de veiller les défuntes et servait aux enterrements sans se mêler aux paroissiens de l’église St Pierre. En 1783, Moydieu, historien de l’abbaye, en donne une description : « c’est là qu’il (Simon Guillaume) sculpta une descente de la croix d’une expression, d’une pathétique, qui serre le cœur et arrache les larmes ». Un vestibule situé avant la chapelle et dans lequel se trouve aujourd’hui la Korê antique, fut orné par le même artiste de tous les rois bienfaiteurs de l’abbaye. Seules subsistent aujourd’hui de ce décor les colonnes de marbre qui soutenaient alors la voûte. De 1824 à 1976 l’ancienne chapelle abrita les séances de l’académie des Sciences, Belles Lettres et Arts. LE CLOITREL’ancien cloître de l’abbaye encadre le jardin de ses 48 arcades soutenant les terrasses. On trouve au-dessus des arcades et sur fond de mosaïques colorées, réalisées par Charles Joseph LAMEIRE (1832-1910), 12 médaillons en bronze montrant les plus célèbres peintres, sculpteurs et graveurs de la ville depuis la Renaissance. L’ancien cloître de l’abbaye encadre le jardin de ses 48 arcades soutenant les terrasses. On trouve au-dessus des arcades et sur fond de mosaïques colorées, réalisées par Charles Joseph LAMEIRE (1832-1910), 12 médaillons en bronze montrant les plus célèbres peintres, sculpteurs et graveurs de la ville depuis la Renaissance. Les escaliers 6 escaliers principaux desservent les étages du palais :Au sud-ouest du bâtiment, l’escalier d’honneur, vaste et lumineux, présente encore aujourd’hui certains aspects baroques. Il a été conçu par Thomas BLANCHET (1614-1689) au XVIIème, pour accueillir les visiteurs les plus célèbres. A mi- étage, le passage de la chapelle rappelle le chemin qu’empruntaient les moniales pour assister aux offices. On peut voir, accrochées à la coupole et encadrées par les trompettes de la renommée, des sculptures en stuc représentant, la Justice, la Charité, l’Obéissance, la Foi, la Luxure, la Vanité et la Curiosité, commandées par l’abbesse Antoinette de Chaulnes, réalisées par Simon Guillaume et Nicolas Bidault d’après les croquis de Thomas Blanchet. Au nord, un escalier était Jadis utilisé par l’abbesse pour accéder à ses appartements. Au nord-est, un petit escalier en pierre de taille, typiquement lyonnais avec ses arcades, relie le cloître aux différents étages du bâtiment depuis le XVIIème siècle (accès aujourd’hui fermé).Au sud-est, le monumental escalier décoré par Pierre PUVIS de CHAVANNES (1824-1898) à l’initiative d’Edouard AYNARD (1837-1913), a été conçu par l’architecte Abraham HIRSCH (1828-1913). Un peu plus à l’est, on trouve l’escalier construit en 1865 par Tony DESJARDINS (1814-1882) .Salle de la lanterneLe cylindre de maçonnerie, situé au milieu de la salle, correspond à la lanterne éclairant la coupole du grand escalier Thomas Blanchet situé juste au-dessous. Cette lanterne, qui possède à l’intérieur un décor néo-classique de rinceaux de stuc, a été construite au début du XIXème siècle (sans doute vers 1813-1814) au moment des travaux accomplis par l’architecte Gay pour installer dans l’aile sud du palais le premier musée des Beaux-Arts. A cette date, en effet, il fut décidé d’occulter les grandes fenêtres latérales de l’escalier pour les transformer en niches à statues. Il fallait donc redonner un éclairage à l’escalier, d’où la réalisation de cette lanterne. Lors des travaux de restauration, il a été décidé de rouvrir les fenêtres de l’escalier pour redonner à celui-ci sa lumière d’origine, tout en conservant la lanterne. La balustrade sur laquelle repose le cylindre de maçonnerie est plus ancienne et semble remonter à la construction de l’escalier, vers 1680. La fonction de cette balustrade n’est pas clairement établie : Marquait-elle une ouverture pratiquée dans la coupole de l’escalier ? Et si oui pour quelle raison ? Mystère!Le réfectoire, vaste espace voûté, vient achever la construction de l’abbaye en 1686. Long de 25 mètres et large de 10 mètres, trois lunettes représentant l’assomption de la Vierge, l’ascension du Christ et le prophète Elie enlevé au ciel, ont été peintes par Louis Cretey. Sur les côtés, des bas et hauts reliefs en stuc ont été réalisés par Simon Guillaume. Au fond de la salle, sur les murs opposés, des représentations de la cène et de la multiplication des pains ont été peintes également par Louis Cretey.La façade du palais St Pierre (architecte ROYERS DE LA VALFENIERE, 1575-1667) est un témoignage du baroque en France. Très souvent comparée à un palais romain (le palais du Quirinal ou de la basilique St Jean de l’Atran), elle borde le côté sud de la place des terreaux. La façade a été classée monument historique dès 1938. (Sources bibliothèque du Musée des Beaux Arts), (Photos P.FAURE)